Photo : Premier officier Mike Sowsun

Temps de vol et de service

Réclamez des règles de repos plus sécuritaires pour les pilotes dans l’intérêt de l’industrie canadienne du transport aérien. Les pilotes canadiens unissent leurs voix pour réclamer des règles plus rigoureuses sur la fatigue. L’initiative Ciel plus sûr mobilise quatre groupes de pilotes, qui représentent plus de 8 000 membres, afin de demander des règles sur la fatigue à jour et basées sur la science. Car il faut des pilotes reposés pour assurer la sécurité des voyages en avion. Apprenez-en davantage à cielplussur.ca

« Mon Premier officier et moi-même venions de terminer un vol vers Athènes et nous nous apprêtions à passer aux douanes lorsque nous avons croisé 3 membres d’un équipage de United Airlines qui arrivaient de l’Est des États-Unis. La première chose qu’ils nous ont demandé a été « Où est l’autre membre de votre équipage ? » Lorsque nous leur avons dit que les transporteurs canadiens n’ont pas l’obligation d’avoir un troisième pilote à bord sur ce type de vol long-courrier et qu’il n’y avait que nous deux pour assurer le vol de 12 heures et plus, ils ont cru que nous faisions une blague. »
–Commandant, Boeing 767

Tous les jours, les 4 000 membres de l’APAC effectuent un travail stimulant et très exigeant d’un point de vue technique. Ils ont la responsabilité d’assurer la sécurité de leurs passagers, de leur aéronef et de l’espace aérien. Nos pilotes sont aux prises avec une multitude de forces qui sont en concurrence – une technologie sophistiquée, les pressions commerciales et le besoin fondamental du corps humain d’obtenir un repos approprié.

Nos pilotes, nos passagers et le public comptent sur la réglementation pour que notre système de transport soit encadré de façon sécuritaire. L’un des éléments fondamentaux de la sécurité aérienne est la réglementation portant sur le temps de vol et de service.

La position de l’APAC :

  • Il est urgent que le gouvernement remette à jour la réglementation canadienne en matière de temps de vol et de service.
  • Toute révision de la réglementation devrait s’appuyer sur les connaissances scientifiques et s’harmoniser avec les règlements en vigueur dans le reste du monde.
  • L’APAC appuie sans réserve la mise en œuvre, par le gouvernement canadien, des recommandations émises par un groupe de travail qui était formé d’experts de divers horizons et qui tenait compte des avancées scientifiques dans le domaine. Il y a toutefois un aspect important sur lequel le groupe de travail a confirmé ne pas pouvoir intervenir – les vols long-courriers pour lesquels le temps de vol d’un seul tronçon dépasse les 8 h 30.
  • L’APAC croit fermement que toute nouvelle réglementation doit aussi porter sur les vols long-courriers, faute de quoi le Canada creusera l’écart qui le sépare des autres pays et continuera à ne pas se conformer aux normes édictées par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), demeurant ainsi vulnérable aux futurs accidents ou incidents.
  • L’APAC croit que pour respecter les normes internationales, le temps de vol maximum devrait être de 8 h 30 après 17 h 00 ou lors d’un vol traversant plusieurs fuseaux horaires, parce que dans ce contexte, les performances ne sont plus aussi bonnes.

La réglementation dépassée du Canada

Le canada n’a pas modernisé sa réglementation en matière de temps de vol et de service depuis deux décennies. Pendant ce temps, presque toutes les autres juridictions dans le monde ont remis leur réglementation à jour de façon à se conformer aux règles basées sur la science mises au point par l’OACI, l’organisme des Nations Unies qui élabore les politiques et les normes dans le secteur de l’aviation civile internationale.

Le plus proche voisin du Canada, les États-Unis, a adopté une nouvelle réglementation en matière de temps de vol et de service en janvier 2014, une réglementation qui est considérée comme étant l'une des plus exigeantes au monde. Il y a plus de 2 ans que l’APAC travaille avec Transport Canada à la préparation d’une nouvelle réglementation portant sur le temps de vol et de service qui sera conforme aux normes basées sur les avancées scientifiques et recommandées par l’OACI. Mais les recommandations émises jusqu’à maintenant n’abordent pas un aspect important – les vols long-courriers.

Exclusion des vols long-courriers – un écart important

Comme plus important groupe de pilotes au Canada – dont les membres assurent une majorité de vols long-courriers – l’APAC a travaillé à assurer que ce manque soit abordé dans la remise à jour de la loi.

Mais l’APAC a été informée qu’il n’y avait pas eu de consensus sur cet enjeu au sein du groupe de travail et que le sujet n’avait donc pas été abordé dans les recommandations. Ces recommandations sont à la base de la nouvelle réglementation proposée par le gouvernement lors de la publication, en septembre 2014, de l'Avis de proposition de modification (APM). À ce moment on nous a conseillé de déposer une opinion dissidente à propos de cet APM, ce que nous avons fait.

L’APAC appuie sans réserve la mise en œuvre des recommandations contenues dans l’APM, mais la proposition de règlement comporte une importante lacune dans le domaine des vols long-courriers.

La science est sans équivoque – les pilotes ont besoin d’un repos adéquat

Les preuves scientifiques à l’effet qu’une période adéquate de repos est essentielle pour les pilotes sont nombreuses. Les pilotes doivent pouvoir compter sur toutes leurs capacités physiques et mentales.

La NASA – l’agence spatiale américaine – a recommandé que le temps permis pour un vol de nuit soit limité à 8 h 30. Cette recommandation est basée sur des recherches scientifiques qui ont mesuré les ondes cérébrales et les micro-sommeils pendant l’exploitation de véritables vols. Les recommandations de la NASA n’ont toutefois pas été prises en compte au Canada lors de la rédaction de l’APM. Cette préoccupation est encore plus forte dans les cas concernant les équipages qui reviennent d’un vol outre-mer. L’APAC croit qu’un temps de vol maximal de 8 h 30 – particulièrement pendant une période normale de repos – devrait être la limite avant l’imposition d’une augmentation de l’équipage. Compte tenu des tâches devant être effectuées par les pilotes avant et après leur vol, la limite de 8 h 30 de vol correspond à une période de service beaucoup plus longue.

Il s’agit d’une grande proportion du travail effectué par nos pilotes. À notre avis, toute réglementation doit aborder les vols long-courriers, faute de quoi le Canada maintiendra l’écart qui le sépare des autres pays et continuera à ne pas se conformer aux normes édictées par l’OACI, demeurant ainsi vulnérable aux futurs accidents ou incidents.

La fatigue peut être atténuée par une augmentation de la composition de l’équipage

Il existe une façon simple et scientifiquement acceptée pour réduire la fatigue des membres du personnel de cabine lors des vols long-courriers – l’augmentation de l’équipage. La méthode est simple, pour des temps de vol dépassant la limite autorisée, la norme est d’ajouter des membres au personnel de cabine afin de diminuer la fatigue.

Par exemple, il y a des vols partant à destination d’Athènes – un de Toronto et un de Chicago – qui sont pratiquement identiques en termes d’heure de départ et de temps de vol. Au Canada, nous permettons que ces vols soient assurés avec seulement 2 pilotes à bord. Aux États-Unis, les règlements de la Federal Aviation Authority (FAA) exigent que l’équipage soit augmenté à 3 plotes.

Il ne s’agit que d’un exemple parmi les centaines de vols assurés par nos pilotes à partir du Canada tous les mois et pour lesquels la science nous dit qu’une augmentation est nécessaire, ce que notre réglementation actuelle ignore – l’APM tel que rédigé n’aborde pas cet enjeu de façon appropriée.

Les pilotes de l’APAC croient fermement que le Canada devrait adopter une réglementation imposant des règles strictes basées sur les connaissances scientifiques actuelles en matière d’atténuation de la fatigue.

Toute réglementation doit aborder l’enjeu des vols long-courriers, faute de quoi le Canada maintiendra l’écart qui le sépare des autres pays et continuera à ne pas se conformer aux normes édictées par l’OACI, demeurant ainsi vulnérable aux futurs accidents ou incidents.

En lien : Voler trop près de la limite sécuritaire : le temps de vol et de service au Canada – Un urgent besoin de changement (Sommaire)

 

Actualités récentes :

L’élection retarde la mise en œuvre de nouvelles règles sur la fatigue des pilotes
En savoir plus

Une erreur due à la fatigue du pilote en cause dans la sortie de piste à O’Hare
En savoir plus