Premier officier Daniel Comeau

Premier officier Daniel Comeau

Boeing 777

« Mon père m’a amené voir un spectacle aérien alors que j’avais 7 ou 8 ans. À compter de ce jour, j’ai su que j’allais piloter des aéronefs à haute performance. Je n’avais pas de plan B. »

Avant de devenir pilote pour un transporteur commercial, Dan a piloté des avions de chasse pour l’armée pendant 10 ans.

Être un pilote commercial n’est pas ce que la plupart des gens croient. Ce n’est certainement pas ce que j’imaginais pendant que je grandissais à Trois-Rivières au Québec. J’ai grandi en conduisant des motos, des motoneiges, des vedettes rapides – n’importe quel engin équipé d’un moteur haute performance.

Mon père m’a amené voir un spectacle aérien alors que j’avais 7 ou 8 ans. À compter de ce jour, j’ai su que j’allais piloter des aéronefs à haute performance. Je n’avais pas de plan B.

J’ai joint les rangs de l’armée à l’âge de 19 ans et j’ai piloté des avions de chasse pendant les 10 années suivantes. L’entraînement militaire a été difficile, mais je n’en étais pas moins heureux de faire ce que je voulais faire depuis mon enfance. À 31 ans, avec plus de 3 000 heures de vols, j’ai quitté l’armée pour entrer à Air Canada.

Je suis toujours amusé lorsque j’entends les gens dire que les pilotes n’ont pratiquement rien à faire pendant les vols. Nous sommes toujours occupés par la navigation, les communications avec les contrôleurs aériens et la surveillance des systèmes de l’appareil, de la météo et la consommation de carburant.

Nous devons aussi gérer notre niveau de fatigue, tant à la maison qu’à l’étranger. Nous traversons plusieurs fois par semaine de nombreux fuseaux horaires, ce qui peut s’avérer épuisant. Mais peu importe mon degré de fatigue, voir le soleil du haut des airs me donne toujours un large sourire. Il n’y a aucun édifice au monde qui peut offrir une vue aussi extraordinaire que le hublot de mon bureau.

Évidemment, le plaisir que j’éprouve à mon travail ne vient pas que de la vue, mais aussi des gens que je côtoie. Voyager est une activité intense, que ce soit pour des vacances, les affaires, un mariage, des funérailles ou encore un match de championnat. Pour le meilleur ou pour le pire, nous les pilotes faisons partie des histoires des voyageurs.

Je me souviens d’une fois où nous ramenions les joueurs des Canadiens de Montréal de Boston. Ils venaient de perdre contre les Bruins. Personne n’était d’humeur. L’entraîneur s’est présenté dans le poste de pilotage (c’était à l’époque où ce genre de chose était encore possible) pour dire : pas de bière pour les joueurs ce soir. Est-ce clair ?

 

Ce n’était qu’une blague, mais c’était aussi un rappel des relations étroites qui peuvent exister entre les voyageurs et les pilotes. Il arrive que ces relations soient assez intenses.

En 2010, j’ai volé jusqu’à Haïti peu de temps après le terrible tremblement de terre. La plupart de nos passagers étaient des membres des familles sur le point de voir leurs proches pour la première fois depuis le séisme. Nous pouvions sentir leur anxiété pendant tout le vol.

Nous avons été secoués de constater l’ampleur des dommages lorsque nous avons survolé Port-au-Prince. À l’atterrissage, nous avons découvert que la tour de contrôle s’était effondrée, que les murs de l’aérogare étaient lézardés et que la piste endommagée nous réservait un atterrissage plutôt houleux. Si l’expérience s’est avérée difficile, nous avons aussi éprouvé la satisfaction de contribuer à la réunion de toutes ces personnes avec les membres de leur famille.

Après 18 ans de service comme pilote de ligne, je suis maintenant Premier officier à bord du plus gros aéronef de la flotte, le Boeing 777. J’assure des vols vers les destinations les plus prisées d’Europe, d’Asie et d’Amérique du Sud. Le travail est en constante mutation et comme la plupart des gens, nous sentons la pression de devoir en faire plus avec moins.

Malgré tout, si je devais refaire ma vie, je ne changerais rien. Le travail intense que je fais demeure la concrétisation de mon rêve d’enfance.

« Il n’y a aucun édifice au monde qui peut offrir une vue aussi extraordinaire que le hublot de mon bureau. »