Commandant Guy Debroux

Commandant Guy Debroux

Boeing 777

« J’ai pris l’avion pour la première fois alors que j’étais encore un enfant. Nous allions du Canada à la Belgique pour visiter mes grands-parents. Je me souviens qu’il s’agissait d’un Boeing 747 et que j’ai alors dit à mes parents que lorsque je serais grand, je voulais piloter un appareil comme celui-là. Plus tard au cours de ma carrière, j’ai effectivement piloté ce même appareil. »

Guy Debroux sur une piste d’atterrissage au début de sa carrière.

Lorsque j’ai été embauché comme pilote chez Air Canada en 1989, j’ai eu l’impression d’avoir réussi.

J’ai obtenu ma licence de pilote de brousse d’un collège de pilotage renommé de Chicoutimi. Il y avait 800 candidats pour un programme qui n’acceptait que 80 étudiants et seuls 40 ont réussi à se rendre en deuxième année.

Pendant trois ans après l’obtention de mon diplôme, j’ai travaillé de longues heures dans des petites villes du Nord du Québec où j’ai fait ma place en donnant des cours et finalement en assurant des vols réguliers et des évacuations médicales avec un avion à hélices Navaho de huit places. J’adorais ce travail, même si le salaire annuel était de moins de 12 000 $ - un salaire tellement bas que ma famille était admissible à l’aide sociale.

Après tant de persévérance et de travail acharné, j’ai été ravi de décrocher un emploi chez le plus important transporteur aérien du Canada. J’avais 22 ans, je ne le croyais pas moi-même. J’étais le plus jeune de mon groupe.

Mais après seulement trois courtes années, j’ai perdu mon emploi. L’industrie a vécu une terrible crise et j’ai fait partie des centaines de pilotes qui ont été licenciés et qui se sont mis à la recherche d’un nouvel emploi.

Il n’y avait pas d’emploi comme pilote. J’ai travaillé comme mécanicien et j’ai aussi navigué. Pendant un certain temps, j’ai réussi à décrocher un emploi de Premier officier sur Dash 8 chez Air Ontario, mais la crise se poursuivant, j’ai été une fois de plus licencié. J’ai réussi à obtenir un poste d’entraîneur sur simulateur de vol pour le Lockheed L-1011 pendant quelques mois. L’industrie a mis 3 ans à se relever, mais j’ai finalement été rappelé par le transporteur et j’ai recommencé à voler, cette fois sur un avion de transport régional Bombardier de 50 sièges.

J’ai vieilli, mais j’avais toujours l’air aussi jeune. Lorsque j’ai été promu Commandant, un agent de bord a refusé de croire que j’avais l’âge d’exercer cette profession. Le Premier officier sur ce vol était un peu plus vieux que moi et avait des cheveux gris. Quand je suis entré dans le poste de pilotage et que j’ai pris place sur le siège de gauche, les membres du personnel de cabine ont cru que nous leur faisions une blague. Ce n’est que lorsque nous avons entrepris le refoulement que l’agent de bord a dit : Vous êtes vraiment le Commandant !

J’ai pris l’avion pour la première fois alors que j’étais encore un enfant. Nous allions du Canada à la Belgique pour visiter mes grands-parents. Je me souviens qu’il s’agissait d’un Boeing 747 et que j’ai alors dit à mes parents que lorsque je serais grand, je voulais piloter un appareil comme celui-là. Plus tard au cours de ma carrière, j’ai effectivement piloté ce même appareil comme Premier officier, un rêve devenu réalité.

Enfant, j’étais très curieux et actif. Je voulais comprendre comment les choses fonctionnaient – ce qui m’a quelques fois mis dans des situations délicates. Je me souviens avoir trouvé un tournevis et avoir entrepris de démonter les portes des armoires de la cuisine. Je voulais vraiment savoir comment c’était fabriqué, mais me parents n’ont pas été particulièrement impressionnés !

À l’adolescence, je savais que je voulais devenir pilote, mais il m’a fallu convaincre mes parents. Mon père était préoccupé par l’importance de l’investissement, alors il a décidé qu’il fallait savoir si c’était vraiment ce que j’aimais avant de commencer à dépenser tout cet argent. C’est ainsi que j’ai appris à voler… sur des planeurs. C’était moins dispendieux que les avions.

J’ai eu le coup de foudre au Champlain Gliding Club de la Rive-Sud de Montréal et c’est là que j’ai su que c’est ce que je voulais vraiment faire. Lorsque vous libérez le câble pour laisser le planeur voler de lui-même – c’est la forme de vol la plus pure. Tout ce que vous entendez, c’est le souffle de l’air derrière la verrière. Vous développez votre connaissance des courants d’air, passant d’un courant à un autre. Vous développez un instinct qui vous permet de reconnaître l’emplacement des courants thermiques. C’est très zen.

J’ai maintenant plus de 25 ans d’expérience chez un grand transporteur aérien et j’ai le sentiment d’être au sommet de ma carrière, à faire ce que j’aime, faire voler des aéronefs. Mais alors que la technologie et les appareils deviennent de plus en plus sophistiqués, le métier c’est aussi gérer des gens et des systèmes, ce pourquoi il faut de bonnes connaissances en communication, un bons sens du leadership et la capacité de prendre les bonnes décisions.

Ma famille est très fière de ce que je fais. Mon épouse et mes enfants savent qu’il s’agit d’une carrière dans laquelle il n’est pas facile d’entrer, ni de rester. Ils savent qu’avant chaque vol j’étudie et me prépare. Et mes horaires signifient que je rate de nombreux événements familiaux.

Je pense souvent à des détails de certains de mes vols. Je me rappelle avoir travaillé comme pilote de vols nolisés sur de petits avions. Je me rappelle avoir eu la responsabilité de ramener une famille entière dans son village, avec un prêtre et la dépouille d’un membre de la famille qui allait y être inhumé. Être un pilote et partager ce genre d’expérience avec les passagers est un véritable privilège.

« J’ai maintenant plus de 25 ans d’expérience chez un grand transporteur aérien et j’ai le sentiment d’être au sommet de ma carrière, à faire ce que j’aime. »