Premier officier Dean Sela

Premier officier Dean Sela

Boeing 787

« J’espère que mon histoire enverra un message à toutes les personnes qui envisagent de devenir pilote…Qui que vous soyez comme personne ne sera pas pour vous une limite dans cette industrie. »

Dean est un chef de file en matière de diversité dans l’industrie du transport aérien. On le voit sur la photo avec la journaliste Sumona Roy à l’événement Northern Escape de la Fierté de l’aviation canadienne en juin 2016.

Étonnant ce que vous savez et ce que vous ne savez pas à 16 ans.

J’étais déjà certain de vouloir être un pilote de ligne – j’ai obtenu ma licence de pilote avant mon permis de conduire. Je savais aussi que j’étais gai. Mais je ne savais pas comment conjuguer ces deux choses.

J’ai côtoyé des avions toute ma vie – enfant, j’avais l’habitude de traîner dans les postes de pilotage lorsque je voyageais entre Israël (où je suis né) et le Canada (où j’ai grandi). J’ai acquis mon amour des voyages aériens pendant ces déplacements.

Même jeune, mon amour de l’aviation faisait partie de ma vie – je travaillais à temps partiel comme répartiteur dans une petite école d’aviation située près de Toronto. J’ai été habitué à entendre des commentaires négatifs sur l’orientation sexuelle, tant au travail que pendant mes études de pilote.

Comme beaucoup de jeunes, je cachais qui j’étais – mes collègues de travail et mes compagnons de classe ne savaient pas que j’étais gai. Et je n’étais certainement pas disposé à faire ma sortie, puisque je ne m’acceptais pas encore moi-même.

Pendant un certain temps, je n’ai pas été ne mesure de concilier ces deux choses. D’un côté, je sentais que j’appartenais au monde du ciel. De l’autre côté je ne me sentais aucune appartenance.

Heureusement, j’ai grandi et la culture du monde de l’aviation s’est ouverte. À 29 ans, 13 ans après avoir obtenu ma licence de pilote, je suis enfin devenu un pilote d’Air Canada. À ce moment, j’avais fait ma sortie et je m’assumais et tout était à sa place.

Mes collègues me posent encore beaucoup de questions sur mon orientation sexuelle et sur le fait d’être un pilote gai, mais presque toujours il s’agit de curiosité, pas de jugement.

Honnêtement, je suis heureux de parler de mes expériences. C’est un chemin long et difficile pour quelqu’un qui veut devenir un pilote commercial. Il faut aimer ce travail pour y rester. Au collège, chaque vol faisait l’objet d’une évaluation. Si vous obteniez ne serait-ce que quelques notes insatisfaisantes, il y avait de fortes chances que vous soyez exclus du programme. La formation de pilote est suffisamment stressante pour ne pas avoir à se demander en plus si on pourra être accepté tel que nous sommes.

Dès le début de ma carrière, j’ai eu la chance de trouver un ami et mentor – un pilote ouvertement gai qui m’a appris qu’il est possible d’avoir une belle carrière sans renier son identité. J’espère que mon histoire enverra un message à toutes les personnes qui envisagent de devenir pilote – particulièrement les gens qui font partie de la communauté LGBT ou qui s’interrogent sur leur sexualité - Qui que vous soyez comme personne ne sera pas pour vous une limite dans cette industrie.

Récemment j’ai eu la chance d’obtenir le poste de pilote de relève sur le long-courrier Boeing 787 Dreamliner. En quelques semaines à ce poste, j’ai pu voyager à Munich, Seoul, Copenhague et Tokyo. Combien de personnes peuvent se vanter de s’être rendues dans autant d’endroits en moins d’un mois ? Je me sens chanceux d’avoir pu réaliser mes rêves et je ferai tout ce que je peux pour m’assurer que l’industrie du transport aérien continue à accepter la diversité et à accueillir toutes les personnes qui sont passionnées par la profession de pilote.

« En quelques semaines à ce poste, j’ai pu voyager à Munich, Seoul, Copenhague et Tokyo. Combien de personnes peuvent se vanter de s’être rendues dans autant d’endroits en moins d’un mois ? »