Premier officier Quinn Jones

Premier officier Quinn Jones

Boeing 767

« Je n’échangerais mon expérience de vol dans le Nord pour rien au monde. J’ai appris comment prendre des décisions sensées dans des circonstances difficiles et j’ai beaucoup grandi au cours de ce
processus. »

Je ne me souviens pas avoir jamais voulu occuper un autre emploi que celui de pilote.

Mon grand-père et mon père étaient tous les deux des pilotes et ma mère était agente de bord pour TCA, le précurseur d’Air Canada.

Même si j’ai toujours été entouré d’avions, on ne m’a jamais poussé vers la carrière de pilote. De fait, dans ma famille, on m’a toujours rappelé à quel point il peut être difficile de devenir pilote. Mais rien ne pouvait m’en dissuader. Après l’école secondaire, j’ai commencé à travailler pour obtenir ma licence de pilote. Mon premier vol solo a eu lieu il y a longtemps, mais je m’en souviens encore clairement – accélérer sur la piste, monter, tourner et voler. Je me souviens du sentiment de liberté et de me retrouver au-dessus de tout. Je suis tout de suite devenu accro à cette machine. Lorsqu’à 19 ans j’ai obtenu ma licence, j’adorais emmener mon père, mon grand-père et le reste de la famille. J’avais deux amis très proches qui travaillaient eux aussi à l’obtention de leur licence. C’est l’un de ces amis qui m’a aidé à décrocher mon premier emploi de pilote dans l’arctique canadien. J’ai passé environ 3 ans à faire voler de vieux appareils comme le DC-3 et le DC-4. Il s’agit dans les deux cas d’appareils de la seconde guerre mondiale – j’ai souvent volé avec un DC-3 qui avait servi à transporter des parachutistes vers la France le jour du débarquement. Ça donne à réfléchir de voler à bord d’un avion qui a une telle histoire.

Nous volions sur 4 saisons et dans toutes les conditions météorologiques vers des lieux si éloignés qu’ils n’avaient même pas de nom – nous ne les connaissions que par leurs coordonnées de latitude et de longitude. Il s’agissait de la limite de la ruée vers le diamant et nous avons aussi volé vers les mines de diamant d’Ekati et de Diavik. Je n’échangerais mon expérience de vol dans le Nord pour rien au monde. J’ai appris comment prendre des décisions sensées dans des circonstances difficiles et j’ai beaucoup grandi au cours de ce processus.

Les choses ont beaucoup changé depuis que je suis devenu père. La plupart des gens associent le voyage avec le temps libre pour profiter de la vie avec la famille et les amis. Pour moi, c’est exactement l’opposé. Mes enfants sont jeunes et il y bien des larmes lorsque je me prépare au départ, ce qui est très difficile. Mes enfants comprennent toutefois qu’être pilote, ça signifie devoir voyager. Ils savent à quel point je suis heureux de les revoir chaque fois que je reviens à la maison.

Même si ça peut être difficile, j’aime voyager. Aller marcher dans un endroit situé à l’autre bout du monde. Manger de l’autre côté du globe. Et je me sens chanceux de pouvoir partager ces expériences avec mes amis et mes collègues. Il y a plusieurs années, j’étais à Londres la veille de Noël. À mon hôtel, il y avait d’autres pilotes et des agents de bord eux aussi loin de la maison. Nous nous sommes réunis pour souper. Nous avons tiré le meilleur de la situation dans laquelle nous étions. Je savais que nous aurions tous préféré être à la maison, mais nous étions avec notre famille de l’aviation. Nous n’étions pas seuls.

 

« Mon premier vol solo a eu lieu il y a longtemps, mais je m’en souviens encore clairement – accélérer sur la piste, monter, tourner et voler. Je me souviens du sentiment de liberté et de me retrouver au-dessus de tout. Je suis tout de suite devenu accro à cette machine. »