« Les gens ignorant tout simplement le danger potentiel des batteries qu’ils transportent à longueur de journée dans leurs appareils. Mais les voyageurs peuvent mettre ces batteries au lithium dans des sacs ou placer des appareils à batteries dans leurs bagages sans savoir qu’il s’agit de composés volatils – autrement dit des marchandises dangereuses. La cabine est un endroit où les pilotes et les agents de bord ont beaucoup de difficulté à combattre un incendie, mais la soute d’un avion pardonne encore moins. »
Commandant de bord, B-767
De nos jours, les batteries au lithium alimentent de plus en plus d’appareils électroniques portables de grande consommation. Le lithium est le matériau idéal pour les batteries, car il fournit une source d’alimentation ultralégère mais relativement forte sur une période plus longue que les autres types de batteries. Il y a des batteries au lithium métal et des batteries au lithium ionique. Les deux présentent un risque chimique et électrique, mais celles au lithium ionique ont des caractéristiques chimiques différentes. Les batteries au lithium sont fabriquées avec un électrolyte qui s’enflamme facilement et la chaleur produite par une seule pile est transmise aux piles adjacentes (un ordinateur portable en contient habituellement entre six et 12). Comme les batteries au lithium et au lithium ionique sont à présent utilisées à grande échelle et de plus en plus, elles représentent aussi un enjeu de sécurité essentiel pour l’aviation mondiale. Ces batteries – qui sont des marchandises dangereuses – peuvent se retrouver à bord d’un avion, avec le fret, dans les bagages enregistrés ou parmi les passagers.
Les batteries au lithium peuvent être plus volatiles que tout ce qui est actuellement permis par la Réglementation pour le transport des marchandises dangereuses. Les batteries au lithium ionique rechargeables peuvent être extrêmement volatiles, et provoquer des courts-circuits et s’enflammer si :
Les feux qui en résultent peuvent atteindre une température de 1 100 degrés, soit le point de fusion de l’aluminium. Ce genre d’incendie peut être géré en plongeant l’appareil dans de l’eau; du fait de la volatilité et la température très élevée, il peut être difficile de manipuler un appareil qui surchauffe. Le personnel de cabine doit intervenir rapidement et avoir accès à de l’eau pour refroidir et neutraliser promptement une batterie qui surchauffe.
Selon un récent rapport du Wall Street Journal, les voyageurs transportent habituellement à bord des vols un certain nombre d’appareils électroniques tels que téléphones, ordinateurs portables et autres appareils allant des chargeurs aux fers à friser – tous ont déjà provoqué des incendies en vol. Au cours des 25 dernières années, la FAA a enregistré 129 incidents (surchauffe, incendie, fumée ou explosion) dans des avions et des aéroports, dont 23 en 2016, contre 16 en 2015 et neuf l’année d’avant. Plus d’un tiers de tous ces incidents est survenu en l’espace d’un quart de siècle. Ce danger a été clairement démontré par l’interdiction récente du Galaxy Note 7 de Samsung à bord de tous les avions au Canada et aux États-Unis, après une série de situations où cet appareil a commencé à surchauffer et à dégager de la fumée en vol. Les récents incidents semblent s’être limités à ce modèle en particulier, mais tous les appareils alimentés par des batteries au lithium présentent un risque pour la sécurité à bord des avions.
Depuis quelques années, ce sont les incendies de batteries au lithium dans la soute à fret des avions qui préoccupent surtout l’industrie de l’aviation. Les essais menés par la Federal Aviation Administration (FAA) aux États-Unis montrent qu’une seule batterie endommagée ou défectueuse peut provoquer des hausses de température incontrôlées – l’emballement thermique – qui peuvent s’étendre à toute une cargaison. Lors des essais, les batteries en surchauffe ont produit des gaz volatiles qui, une fois allumés, ont explosé avec assez de force pour arracher les panneaux intérieurs des parois du compartiment de fret. La FAA a aussi constaté en 2016 que les systèmes d’extinction – au gaz halon – habituellement présents dans les soutes à fret des avions commerciaux sont incapables de maîtriser la surchauffe ou d’empêcher les explosions des batteries au lithium dans la soute. L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) des Nations Unies a aussi réclamé l’interdiction des cargaisons de batteries au lithium ionique à bord des avions passagers. Il y a eu un certain nombre d’incidents et d’accidents, avec des avions passagers et cargos, liés aux batteries au lithium ionique : Northwest Airlines, Los Angeles (1999); UPS, Philadelphie (2006); Fedex, Minneapolis (2009); UPS, Dubaï (2010); Austrian Airlines, Toronto (2011); et Asiana, Incheon, Corée (2011).
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